LE BRAQUE DE L'ARIEGE MODE D'EMPLOI

     Ces quelques recommandations, feront certainement sourire, certains possesseurs de chiens d' arrêt, qui connaissent tout cela depuis longtemps. Certaines d'entre elles pourraient d'ailleurs s'appliquer à n'importe quelle race, d'autres tiennent compte des spécificités de celle qui nous est chère. Nous traiterons donc de deux chapitres: à la maison et sur le terrain.

  • A la maison

         D'une taille comprise entre 56 cm et 67 cm, d'un poids approximatif, entre 20 et 35 kilos le Braque de l'Ariège, est l'un des plus grands Braques d'origine Française, n'est pas vraiment un petit chien. Son gabarit ne l'empêche pas d'être un tendre, extrêmement affectueux, sensible et très proche de son maître. Ne vous y fiez tout de même pas , il est tellement mignon quand il arrive ! Dans les portées on trouve une majorité de sujets dominants, donc très attachés à la hiérarchie. Si vous voulez que tout se passe bien, il faut immédiatement vous imposer comme (chef de meute). Il est donc indispensable de poser immédiatement deux à trois interdits, sur lesquels vous vous montrerez intransigeant. Exemple : pièces où il lui est interdit d'entrer, sièges dans lesquels il lui est interdit de monter, panier où il doit coucher. Tout ceci doit être commandé avec des mots simples: ( dehors),(non),(panier), d'une voix ferme, sévère si nécessaire.

Dans ses premiers mois, il s'accommode difficilement de la vie en chenil, si on ne peut faire autrement il faudra aller le voir et le promener au moins une fois par jour, lui parler au moins deux à trois fois par jour et le garder avec soi un bon laps de temps.

 

          En conclusion, avec un minimum de discipline, il saura être un merveilleux chien d'appartement, parfaitement calme et sachant se faire oublier dans son coin.

 

  • Sur le terrain

Le chien que vous venez d'acquérir est un chien de chasse. Le club s'est efforcé de conseiller à ses adhérents les meilleurs géniteurs possibles, dans cette optique. Le résultat est que la très grande majorité, pour ne pas dire la totalité des sujets, chasse. Il y en a de brillants, très objectivement au vue de nos résultats en compétition de travail. En moyenne, toutefois, ce sont pour le moins de très bons chiens de chasse. Ces quelques conseils de base, qui ne prétendent pas tout résoudre, peuvent aider à bien faire. Il ne faut surtout pas oublier que vous avez affaire, à un être vivant, avec une (personnalité) propre, pas une machine . Il faudra faire preuve de patience, d'humilité et de sens de l'observation, durant les premières semaines, sur les défauts et qualités du sujet qui arrive chez vous et vous pourrez en faire un chien de chasse selon votre cœur. Nous traiterons donc des deux ou trois domaines qui maîtrisés, permettent de chasser dans de bonnes conditions.

 

  • Rappel et quête

C'est le souci de tout nouveau propriétaire, la première chose c'est se procurer un sifflet, lorsque au bout de quelques jours, il va sortir son chien pour la première fois, il n'y aura aucun souci à avoir. Votre jeune chiot a été perturbé de quitter, sa mère, sa portée, sa maison, vous êtes devenu son seul repère, il n'a donc aucune envie de vous perdre. Dès sa première promenade avec vous, il adorera courir nez au vent ou au sol, tiré par les espaces et les odeurs d'un nouveau territoire. Surtout, laissez le faire, sans l'appeler et le siffler, même s'il semble qu'il va bien loin pour une première fois. Arrêtez d'avancer, cachez vous, derrière un arbre, un buisson, vous verrez bientôt votre chien ralentir, se retourner pour vous chercher. Surtout n'allez pas à sa rencontre, si vous trouvez qu'il met trop de temps à revenir, le (truc) est de lui tourner le dos et de partir en sens inverse, vous le verrez vous rejoindre au triple galop ; quand il est revenu surtout caressez le et félicitez le. Le principe au début est de ne jamais le rappeler quand il est lancé, sifflez le quand il revient seulement, ayez même quelques petites friandises pour le récompenser mais pas à chaque fois tout de même. Le but est d'associer les petits coups de sifflets au retour auprès de son maître. Au début rappelez, lorsque le retour est bien amorcé, progressivement, dès qu'il est initié. Puis quand vous le jugerez prêt, avant que le retour soit commencé, au bout de quelques semaines avec, un peu de patience et beaucoup d'observation, vous aurez un chien qui revient parfaitement. Lorsque ceci est acquis, vous pourrez commencer à régler la quête. Le Braque de l'Ariège possède une quête aussi étendue que tous les Braques d' origine continentale. Certains sujets prennent vraiment beaucoup de terrain. Soit on les laisse faire, en leur apprenant à faire des lacets. On se met juste face au vent et on essaie de le diriger une fois à gauche, une autre fois à droite, en se décalant un peu vers l'avant, en fait il apprendra très vite. Soit on préfère un chien qui aille moins loin et chasse sous le fusil, dans ce cas vous utilisez le sifflet pour le rappeler quand vous estimez qu'il est assez loin, c'est pourquoi il faut nécessairement passer par l'étape précédente. N'oubliez pas toutefois qu'il est beaucoup plus facile de raccourcir la quête d'un chien que de la rallonger. J'entends souvent dire, des chasseurs qui ont dans la soixantaine (j'en fais partie): maintenant j'ai pris un chien qui va moins loin, car je ne marche plus comme avant. Je me dis qu'ils n'ont rien compris à la chasse au chien d'arrêt, ou qu'ils n'en ont jamais eu de véritable . Une seule chose est primordiale, c'est un arrêt de plomb et un chien qui sache attendre qu'on aille le servir.

 

  • Le rapport

Pour certains chasseurs il est très important, pour d'autres moins. Pas mal de nos chiens rapportent naturellement. Il ne faut pas oublier toutefois que les chasseurs Britaniques, qui sont essentiellement pragmatiques ont créé les retrievers qui ont fonction de ramener le gibier. Ils partent du principe qu'il y a contradiction à demander à un chien d'arrêter parfaitement puis de l'envoyer ensuite chercher un oiseau qui peut encore être vivant et de le saisir. Il faut donc se montrer circonspect ; le travail avec un apportable (balle, morceau de bois etc..) doit être considéré comme un exercice. Quand vous lancez l'objet et qu'il va le chercher, il faut absolument qu'il vous le rapporte. Si ce n'est pas le cas, surtout ne pas le poursuivre, car il croira à un jeu, prendre patience, appeler, tourner le dos éventuellement, il finira par vous rejoindre. Vous faire remettre impérativement l'apportable. Cet exercice doit être très court, quatre à cinq minutes, cinq essais maximum, à renouveler éventuellement dans la journée. Si au bout de deux essais le résultat est excellent, arrêter l'exercice, il faut surtout stopper cela entre six et sept mois de l'âge du chien, on commencera alors à se préoccuper de l'arrêt. Vient ensuite, l'apport sur le terrain. Soit il se passe naturellement et la cause est entendue, il suffit de le féliciter , même si le gibier a été un peu maltraité au début . Soit on se trouve en présence de réticences marquées. On peut utiliser une petite astuce qui, n'est pas toujours efficace, mais qu'il ne coùte rien d'essayer. Lorsque une pièce de gibier, correctement travaillée, a été abattue proprement et se trouve bien en vue, restez sur place et commander : (apporte, apporte) à votre chien qui s'est rendu sur le point de chute. S'il n'obtempère pas après de longues sollicitations, tourner le dos et vous vous en allez en faisant mine d'oublier votre gibier, il risque de ne pas vouloir abandonner la pièce sur le terrain et de vous suivre en vous l'apportant. Dans ce cas le caresser et le féliciter chaleureusement . De toute façon lorsqu'il aura compris, qu'il vous fait plaisir en rapportant, la partie sera gagnée.

 

  • L'arrêt

C'est de loin la partie la plus importante pour nos chiens. Malheureusement, on n'y peut pas grand chose, il est naturel ou il ne l'est pas. On peut juste rectifier quelques imperfections et surtout éviter des fautes qui peuvent lui faire perdre l'arrêt. En fait nos Braques de l'Ariège sont de parfaits arrêteurs. Quand ils sont tout jeunes leur passion peut les entraîner à bourrer un peu, mais cela passe très rapidement. Je vais vous donner une méthode que j'ai expérimentée avec succès, sur tous mes chiens depuis plus de trente ans et pas uniquement avec les Braques de l'Ariège. On se rend compte que l'élève, prend des poses d'arrêt un peu sur tout, dans le jardin après les oiseaux, durant la promenade après un merle, pendant les sorties à la chasse. Il a entre dix et quinze mois, c'est le moment de lui appliquer, ce que je me suis appelé dans mon for intérieur : (l'électrochoc). Dans chaque département ou région il existe des chasses commerciales, c'est à dire des domaines clôturés dans lesquels on met des oiseaux à votre disposition, pour entraîner vos chiens pendant la chasse même après la fermeture ou avant l'ouverture. Il faut s'assurer que les oiseaux sont bien volants, ensuite vous reservez une matinée ou une après midi. Trois à quatre heures de chasse intensive seront largement suffisantes pour votre jeune chien. Il ne s'agit pas vraiment d'une partie de chasse, mais d'un moment de travail très important dans la carrière de votre jeune sujet. Si vous avez moyennement confiance dans la qualité de votre tir vous pourrez vous faire accompagner, par un ami sûr, mais il est bien entendu qu'il ne sortira éventuellement son chien que lorsque vous en aurez, vous terminé. Prévoyez un nombre d'oiseaux conséquent, une dizaine de faisans et perdreaux, moitié moitié. C'est là qu'il faudra se montrer extrêmement rigoureux. Vous placez quelques uns des oiseaux sur le terrain et vous lâchez votre élève, s'il fait voler une premiére fois, voire une seconde , ce n'est pas grave, vous le reprenez en laisse, vous le calmez, mais surtout, vous ne tirez aucun oiseau qu'il n'ait au préalable arrêté. Il m'est même arrivé de ne pas pouvoir maîtriser le Braque particulièrement passionné d'un ami, il a fait voler tous les premiers faisans, il est vrai très piétards, qu'il avait trouvé parfaitement bien. Nous l'avons enfermé une grosse heure dans sa caisse pour le laisser se calmer. Par la suite, il nous a pris trois magnifiques points. Votre chien finira par trouver un oiseau qui se laissera parfaitement arrêter. C'est là qu'il faut assurer le coup de fusil sur ce premier envol . Une fois le processus enclenché, vous allez passer certainement un excellent moment, mais surtout, ne vous laissez pas emporter:(ne tirez que ce qui est parfaitement arrêté): Vous serez d'ailleurs surpris de la rapidité avec laquelle votre élève aura intégré les données suivantes: Arrêt...Envol de l'oiseau....Coup de fusil....Oiseau qui tombe....Et je mets le nez sur l'oiseau....Dans sa tête de chien c'est d'une logique imparable et qui lui convient parfaitement. Tout le prédispose à cela dans ses gènes. Alors laissez le prendre son plaisir sans restriction et prenez le vôtre aussi. Quand vous le sentirez un peu fatigué et moins enthousiaste mettez le dans sa caisse et éventuellement terminez votre journée avec un chien que vous avez en réserve. Laissez votre chien au repos deux à trois jours, vous verrez vous aurez un compagnon transformé qui continuera à arrêter parfaitement. Par la suite durant la première saison de chasse toutefois, il faudra éviter de tirer des oiseaux qui n'auront pas été arrêtés. C'est en tirant dans n'importe quelles conditions des oiseaux mis fortuitement à l'envol que l'on peut faire perdre l'arrêt de son jeune chien. N'oubliez pas que vous avez affaire à un sujet particulièrement intelligent. Alors pourquoi se donner la peine d' arrêter, puisque son maître tire de toute façons, que ça tombe et qu'on prend du plaisir!! Je ne fais pas partie des intégristes qui prétendent que des chiens d'arrêt ne doivent chasser que la plume. Les Braques peuvent être particulièrement efficaces sur le poil, lapins, lièvres...par contre plus rigoureux:(ne tirez que ce qui est parfaitement arrêté): Rappelez systématiquement votre chien s'il se lance en poursuite. A partir de là DANGER!! . Une fois qu'il est bien mis, s'il arrête parfaitement bien après deux saisons votre chien acceptera quelques incartades, de votre part, sur des oiseaux mis fortuitement à l'envol sans être parfaitement arrêtés.

 

  • Le collier électrique

Nos chiens sont particulièrement sensibles et intelligents, cet ustensile barbare prétendument moderne est parfaitement inutile . Entre les mains d'amateurs inexpérimentés il aura certainement procédé à (casser) beaucoup plus de chiens qu'il n'aura aidé à en dresser et un nombre non négligeable chez les professionnels aussi. La seule façon dont on peut l'utiliser de façon positive c'est pour mettre un interdit, dans une ou deux situations bien précises: soit un chien de trois ans . un peu (chaud) sur le chevreuil, qui refuse le rappel, dans ce cas, pour l'empêcher de poursuivre. Une situation un peu similaire, pour celui qui s'aviserait à attaquer des brebis. En dehors de ces deux cas bien précis les méthodes décrites ci-dessus suffisent amplement.

On ne prétends pas avoir donné les clés d'un dressage réussi, j'ai seulement essayé de partager les observations recueillies durant 40 ans de chasse au chien d'arrêt. Cela fait maintenant 17 ans que je possède des Braques de l'Ariège, j'ai eu la chance d'en posséder de très bons, d'un peu moins bons aussi , aucun de mauvais. Il sont parfois un peu sensibles, mais avec patience, douceur et aussi fermeté on en fait des chiens qui sont bien meilleurs que la moyenne. Je vous souhaite donc avec votre nouveau compagnon, autant de plaisir que j'ai pu en éprouver et que j'en éprouve toujours avec les miens.

 

J.F BERHO avec la collaboration de D CAVERNE