La retrempe

 

     Sachez d'abord que le sujet le plus consanguin marié à un sujet non apparenté donnera des produits absolument non consanguin. Le coefficient de consanguinité F de produits sera alors ramené à 0, et ce même si les géniteurs sont eux très consanguins.

Pouvoir en un mariage ramener notre fameux coefficient F à 0, ça c'est une bonne nouvelle.

 

         La mauvaise nouvelle, c'est que dans le braque de l'Ariège, ce sujet n'existe pas. Comme je vous l'ai dit, les chiens d'une race sont tous plus ou moins apparentés entre eux. Mais dans les races à faibles effectifs comme la notre, cette parenté n'est pas très éloignée. Au mieux elle remonte aux années 89, si vous voulez vous en convaincre, envoyez-moi les pedigrees de vos chiens, je remonterai leur généalogie jusqu'à Elza x Eclair.

 

        Si vous êtes prévoyant, vous aurez pris soin de repérer depuis quelques années un éleveur ami qui fait de beaux chiens peu apparentés aux vôtres. Même si cet autre élevage a débuté avec les mêmes géniteurs que vous, après quelques générations, il sera peu apparenté au votre.

En effet, à chaque génération, la consanguinité entre les deux élevages sera divisée par deux. Et il est fort possible que cet éleveur ait lui aussi besoin de sang neuf provenant de chez vous.

 

Et si vous vous apercevez que tous les élevages, ayant pris des saillies au même mâle, sans discernement, sont étroitement apparentés ? Que faire? Il est temps de retremper !

 

• Comment effectuer une retrempe :

 

               1- D'abord, choisir une race qui n'est pas trop proche de la notre, mais pas trop éloignée quand même (on ne va pas prendre un caniche!). On aura de vrais bâtards, identifiés comme tels, et on ne pourra réintroduire les produits de retrempe qu'après une difficile sélection, quand ils ressembleront bien à des braques de l'Ariège. Si cette race peut apporter un vrai plus, parce qu'elle a des qualités qu'on veut voir chez nos chiens (peu de dysplasie, un nez exceptionnel), c'est encore mieux. Ce raisonnement nous amena à choisir un braque italien, comme l'avaient fait avant nous les anciens éleveurs de braque de l'Ariège. Le dos du braque italien, si caractéristique et différente de celui du braque de l'Ariège, est un critère de sélection efficace. Le Pointer également avec ça truffe noire et sa cassure au niveau du front peu servir également également.

 

           2- Annoncer à tous, par l'intermédiaire du club que l'on fait de la retrempe. En faisant de la retrempe officielle, on peut se payer le luxe de prendre un chien d'un élevage bien connu, sans avoir peur de se faire dénoncer, et donc apporter de la qualité dans la race.

 

               3- Utiliser un étalon dont le pedigree est connu et exempt de défauts (dysplasie, prognathisme,...), et qui s'est illustré sur les terrains par ces qualités de chasse.

 

                4- Faire le premier croisement. De cette portée, garder un sujet bien typé, et le présenter  devant un juge pour le faire inscrire à titre initial. Si la première génération ne correspond pas suffisamment au standard de la race, croiser encore avec un Braque d’Ariège. Quand enfin on a un ou deux bons sujets, les inscrire à titre initial.

 

Bien sur, la méthode a des inconvénients :

              - Elle coûte cher : nombre de bâtards issus de cette retrempe font le bonheurs de chasseurs à qui ils ont été donnés, mais ils nous ont coûté cher à produire.

                - Les chiots d'une chienne inscrite à titre initial ont un demi pedigree, ils se vendent moins bien.

 

Mais elle a de gros avantage :

                - Elle permet à d'autres éleveurs d'utiliser les produits en connaissance de cause.

                - Elle est honnête !

 

Donc, si vous voulez retremper, ne vous trompez pas de méthode.

 

• Ce qu'il ne faut pas faire :

Malhonnête et dangereuse, rapide pour l'éleveur, malhonnête pour le client et dangereuse pour la race. Prenez un bon chien dans une race voisine, mettons le braque français, faites le saillir une femelle braque de l'Ariège, mettez un vrai braque de l'Ariège sur les papiers de saillie, et le tour est joué. La proximité des deux races vous donnera même des chiots qui auront l'air assez braque de l'Ariège et le beau pedigree vous permettra de vendre les chiots restants au plein prix à des gens de bonne foi. Cela peu paraître intéressant,  mais est totalement illégal, et un client floué pourrait bien vous attaquer au tribunal. Et avec les progrès de la science génétique, il peut aujourd'hui vous confondre aisément.

 

Source : Michael Comte (http://www.braquedubourbonnais.info/fr/genetique.htm )